Valorisation des métiers du grand âge : n’attendons pas la loi !

Dominique Libault a remis à la ministre Agnès Buzyn son rapport issu de la concertation Grand âge et autonomie. Nous ne pouvons que saluer le niveau d’ambition de ce rapport, dont les propositions répondent à des besoins précis !

S’il faut bien sûr valoriser les rémunérations, l’argent ne fera pas tout et il est vital de donner plus de valeur aux professionnels du secteur

Il est heureux de voir que le mot “valorisation” des métiers a occupé une place centrale au cours des auditions et travaux des différents groupes de travail. Ce terme apparaît à 50 reprises dans le rapport, et c’est une vrai victoire. Il est toutefois primordial de s’accorder sur la définition de ce mot. Selon le Larousse, “valorisation“ peut désigner aussi bien l’augmentation de la valeur d’un montant monétaire (en l'occurrence les salaires des professionnels du secteur), que l’action de donner plus de valeur à quelqu’un. C’est bien le deuxième sens qui doit primer. S’il faut bien sûr valoriser les rémunérations, l’argent ne fera pas tout et il est vital de donner plus de valeur aux professionnels du secteur. Comment ? Par quelques actions simples : créer un cadre de travail stable grâce à un CDI, favoriser les contrats à temps plein, rompre l’isolement des intervenants et leur permettre de se réunir régulièrement, donner le bon niveau d’autonomie à chacun selon le principe de subsidiarité, et former en continu, notamment sur la dimension humaine du métier.

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A la lecture du rapport, il est également frappant de constater qu’une grande partie des préconisations n’ont pas besoin d’une loi pour être réalisables. En l’occurrence, nous avons déjà beaucoup attendu pour valoriser nos métiers. Nous pouvons le faire dès maintenant. Nous n’avons pas besoin d’une loi pour bien considérer nos salariés !

Plusieurs structures d’aides à domicile et de soins infirmiers dans toute la France sont organisées en équipes autonomes. Leur objectif : opérer un changement de regard

La proposition 91 du rapport doit par exemple être comprise comme un appel à l’action : “Modéliser et diffuser les enseignements tirés des innovations organisationnelles du secteur. Dans le cadre de sa mission de valorisation et de diffusion des pratiques innovantes, la CNSA serait chargée de modéliser les enseignements tirés des innovations organisationnelles du secteur (celles des starts-ups les plus identifiées comme Soignons Humain ou Alenvi par exemple pour le secteur du domicile [...]”

Cette recommandation doit permettre d’accentuer des dynamiques déjà à l’oeuvre sur le terrain : plusieurs structures d’aides à domicile et de soins infirmiers dans toute la France sont organisées en équipes autonomes. Leur objectif : opérer un changement de regard sur nos métiers et reconnaître enfin la responsabilité inhérente qu’ont ces professionnels quand ils accompagnent des personnes vulnérables. Les externalités positives de ce modèles sont significatives sur les problématiques que rencontre la majorité des 6000 services d’aide à domicile : baisse de l'absentéisme, augmentation de l'engagement des professionnels, hausse de la satisfaction des bénéficiaires.

En avril 2017, le Président de la République disait : “on n'humanisera pas l'accompagnement des personnes âgées qu'avec des milliards en plus, il s'agit aussi de créer les conditions de la valorisation des centaines de milliers de personnes qui travaillent dans ce secteur, en reconnaissant la spécificité de leur métier d'entraide, centré sur l'humain.”

Alors agissons tous ensemble, dès aujourd’hui !

Pour le collectif l’Humain d’abord, Guillaume Alsac (Buurtzorg France), Arnold Fauquette (Vivat), Antoine Blondel (Adhap Rouen), Aurélie Nicolas et Karine Boisramé (L’Atelier 48), Guillaume Desnoës, Clément Saint Olive et Thibault de Saint Blancard (Alenvi)

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Guillaume Desnoës